30 mars 2021 : un jardin sans pesticides

Depuis le 1er janvier 2019, les pesticides sont interdits pour les jardins des particuliers. Il est possible de s’en passer et d’avoir un beau jardin. Suivez nos conseils !

Que sait-on aujourd’hui des pesticides sur la santé ?

En 2015, l’association Générations Futures lançait un pavé dans la mare. Elle analysait les urines d’une trentaine de personnalités publiques et le résultat était sans appel : 100% des échantillons analysés contenaient du glyphosate, l’herbicide le plus utilisé au monde. Et la concentration moyenne de glyphosate trouvée dans les échantillons était de 1.25 ng/ml d’urine soit 12,5 fois la concentration maximale admissible pour un pesticide dans l’eau (0.1 ng/ml).

Ce produit est depuis des années au cœur d’expertises scientifiques contradictoires. Ainsi, le 15 mars 2017, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) estimait qu’il ne provoquait pas de risque cancérogène pour l’homme. Une déclaration qui contredit la position de l’OMS. Le 20 mars 2015, l’Organisation avait en effet classé cinq pesticides comme « cancérogènes probables ou possibles chez l’homme ». Parmi eux, le glyphosate, qui « fait partie des perturbateurs endocriniens suspectés de favoriser le risque accru de développement de certains cancers » (foie, lymphome non hodgkinien, myélome multiple). Cette substance, présente dans le Roundup (Bayer-Monsanto), est l’herbicide le plus utilisé au monde… et la star des jardins français. Il a sauvé la mise de bien des jardiniers du dimanche : 3 millions l’utiliseraient !

Pour les médecins de l’Asef (Association santé environnement France), c’est le moment d’agir à l’heure où la France déploie un ambitieux plan d’interdiction des pesticides dans les jardins publics d’ici 2020, et chez les particuliers dès le 1er janvier 2019. « Comme le font quotidiennement les jardiniers du château de Versailles » aime à dire Ludivine Ferrer, directrice de l’Asef, transformez votre jardinet broussailleux en petit Versailles, sans faire appel aux produits phytosanitaires polluants et dangereux !

Voici 8 conseils faciles à suivre !

1/Observez votre jardin

Votre jardin est un écosystème, un organisme vivant qui abrite des animaux et des plantes. Plus la diversité y règne, moins s’y trouveront les maladies et les ravageurs. Et ce que nous dénommons à tort « mauvaises herbes » participent aussi à sa santé : autant les laisser prospérer dans un coin dédié car elles attirent insectes et oiseaux… Un cercle vertueux !

2/Utilisez des substituts naturels

En lieu et place des produits phytosanitaires polluants et dangereux pour l’homme, vous pouvez nourrir la terre selon la nature du sol (calcaire, humifère, argileuse, sableuse), en y ajoutant des ingrédients naturels comme le fumier de cheval (pour un sol argileux), le phosphate naturel (pour une terre sableuse), la tourbe blonde (pour un sol calcaire). Et pour nourrir vos plantes en azote, potassium et phosphore, rien ne vaut l’engrais bio naturel (sang séché, corne broyée, purin d’ortie) ou le compost déposé au pied des végétaux après une petite ondée.

3/Faites votre compost 100% naturel

Dans un coin ombragé, récupérez dans un bac ouvert à même le sol les déchets organiques, ceux de la cuisine (épluchures, coquilles d’œuf, fruits de mer, fruits secs, sachets de thé, marc de café) et les déchets verts (fleurs, feuilles mortes non traitées, tonte de gazon, terre). Mélangez-les régulièrement pour les aérer. Décomposé par les micro-organismes (bactéries, vers, champignons) et régulièrement arrosé, aéré et couvert, votre compost allégera le sol tout en le nourrissant. N’oubliez pas que le ver de terre est l’ami des jardins.

4/Associez les plantes entre elles

Le « compagnonnage » des plantes a des effets sur chacune d’elles. Elles se protègent et diminuent les maladies. Ainsi, vous pouvez marier la tomate avec carotte, chou, épinard, oignon, persil, poireau, salade, basilic mais pas avec betterave, chou rouge, fenouil, pois. Le navet ne supporte pas le voisinage du radis mais est ravi de fréquenter ail, céleri, ciboulette, épinard, et petit pois.

Le mariage de certaines graines a pour effet de repousser les espèces nuisibles : ce sont des insecticides naturels ! En associant carotte, oignon ou carotte et poireau, vous chassez du jardin la mouche de la carotte ou la teigne du poireau

La mouche du semis fuit devant les haricots et les tomates tandis que la piéride succombe devant le couple chou-plante aromatique.

Le puceron noir défaille face au couple haricot et sarriette tandis que le doryphore fuit face à la pomme de terre associée à l’aubergine. Le puceron prend la poudre d’escampette quand il voit des capucines ou bien des tomates associées à l’œillet d’Inde et au souci.

Pour de belles framboises, plantez du myosotis qui fera fuir les vers de framboisier et pour sauver vos salades, plantez-les à proximité de fenouil, détesté des limaces.

5/Pratiquez la rotation des cultures

Pour ne pas épuiser le sol, pratiquez l’assolement, ce qui limite aussi les mauvaises herbes.

Chaque type de plante (à feuilles, légumineuses, racines) possède des éléments nutritifs particuliers. Ils fertilisent la terre, ce qui profite aux cultures suivantes : ainsi, les légumes « racines » (carotte, panais, radis) apprécient les légumes à bulbes comme l’ail, l’oignon et l’échalote. Les légumineuses (pois, haricot, fève) fixent l’azote de l’air sur leurs racines. Les légumes à feuilles (laitue, choux, épinard) ont besoin d’azote pour pousser : il suffit de les faire se succéder aux légumineuses. Vous pouvez imaginer des carrés thématiques pour ces rotations.

6/Paillez pour éviter la prolifération de mauvaises herbes

Le paillage naturel, organique ou minéral empêche la repousse des herbes indésirables, garde le sol humide et frais, et économise l’eau d’arrosage. Des atouts non négligeables ! Mais « les mauvaises herbes ont aussi leur utilité » rappelle Ludivine Ferrer. Créez-leur un petit coin tranquille, en friche, où elles fidélisent insectes et souris.

7/Accueillez les « auxiliaires au jardin » !

La faune du jardin aide à entretenir votre jardin: poser des abris : en hauteur, des nichoirs et des mangeoires à oiseaux, mais aussi des hôtels à insectes et au sol, de petits branchages disséminés sous les haies pour les hérissons. Tous ces auxiliaires (coccinelles, osmies, syrphes, chrysopes, abeilles domestiques…) vous débarrasseront des nuisibles (pucerons, chenilles, limaces…), tandis que les oiseaux et les hérissons ne feront qu’une bouchée des chenilles. Les mésanges sont friandes de pucerons tandis que les chouettes chasseront les mulots.

8/ Utilisez les astuces de grands-mères !

Des répulsifs naturels existent dans votre cuisine ! Plus efficace que le glyphosate, et nettement moins toxique contre les mauvaises herbes, l’eau chaude des pommes de terre est imparable: l’amidon empêche la germination. Le marc de café déposé dans les sillons lors du semis marche aussi contre la mouche de la carotte et le grillon-taupe. Un demi-citron à proximité d’un semis éloigne les fourmis qui détestent l’acide citrique. Du simple savon noir et du savon de Marseille dilués (150g /l) sont très efficaces contre les pucerons ou autres parasites.

 

Complément : un arrosage abondant

C’est sans doute l’un des impératifs de la saison pour un jardin méditerranéen. « On croit souvent qu’il faut arroser en été, alors que c’est au printemps et en automne que les plantes poussent et qu’elles ont le plus besoin d’eau ».

Un lantana par exemple, a besoin de 20 litres d’eau tous les quinze jours avec des arrosages réguliers tous les jours ou tous les deux jours.

Et pour un arrosage efficace, on pensera à réaliser des cuvettes, autrement dit des rebords autour des plantations.